Ce mercredi 7 juin, dans l’hypercentre de Liège, la rue Joffre a été définitivement fermée au trafic dans le sens allant de l’Opéra vers la place Saint-Lambert, afin que la voie de tram puisse (enfin) y être construite.

Si cette évolution, qui va profondément modifier la circulation dans le centre-ville, laisse augurer une réduction — souhaitée — du trafic de transit dans l’hypercentre, il est important de rappeler que l’aménagement prévu sur cet axe ne prévoit aucune infrastructure cyclable. Cela empêchera, ni plus ni moins, les cyclistes de rejoindre la place Saint-Lambert depuis le Boulevard de la Sauvenière (en l’absence de la moindre alternative). Cela coupera aussi l’accès cyclable aux quartiers de Sainte-Marguerite ou de Sainte-Walburge depuis l’Opéra ou la passerelle Saucy (et là aussi, il n’y a pas vraiment de solution bis, sachant notamment que la rue Léopold ne comporte, elle non plus, pas le moindre aménagement cyclable).

Malgré des dizaines d’interventions du monde associatif, dès l’enquête publique du projet et régulièrement depuis lors, pour réclamer que cela soit corrigé, malgré plusieurs manifestations en ce sens, notamment à l’été 2020, malgré de très nombreuses interventions politiques, en particulier de VEGA, au Conseil communal et dans la presse, les autorités régionales ont choisi de persévérer dans leur erreur et de refuser la moindre adaptation de l’aménagement.

Tout au plus le ministre Philippe Henry (Ecolo) — celui-là même qui avait choisi d’évacuer, au motif de l’urgence, l’ensemble des remarques formulées dans le cadre de l’Enquête publique — a-t-il finalement concédé aux cyclistes le droit d’emprunter un trottoir désormais présenté comme « cyclo-pédestre »… dans l’une des rues les plus passantes de la ville. Ce choix aberrant mettra en danger les piétons et créera d’innombrables autant qu’évitables conflits d’usages.

La Coopérative politique VEGA réitère donc, une fois de plus, la demande d’une modification de l’aménagement de la rue Joffre — dût-elle intervenir a posteriori du chantier —, afin de permettre un passage confortable et sécurisé des cyclistes à cet endroit.

À plus courte échéance, notons encore que la fermeture de la rue Joffre va rendre plus difficile encore la circulation des cyclistes dans le centre-ville, alors qu’elle est déjà quasiment impossible au point que, rappelons-le, le porte-parole du projet, Daniel Wathelet, n’avait rien trouvé de mieux au printemps dernier que de suggérer aux cyclistes de... mettre pied-à-terre entre Opéra et Déportés (1,2 km). Cette situation est d’autant plus regrettable que la situation dantesque de la mobilité à Liège aurait pu être un puissant incitant au transfert modal vers le vélo (ce qui aurait aussi contribué à soulager l’engorgement général). Mais la mise en danger permanente des cyclistes due à la nullité des aménagements entourant le chantier ainsi que l’impossibilité, tout simplement, de traverser le centre-ville sur deux roues ont l’effet exactement inverse : dissuader bon nombre de personnes d’utiliser le vélo.

Il est particulièrement désolant que ce soient des responsables politiques « écologistes » qui portent la responsabilité de ces immenses régressions.